
BD SolairePV
Interview avec Macha Bellinghery
Les premières planches de la BD « Le solaire photovoltaïque en France » sortent ce mercredi 22 octobre à l’occasion de la journée mondiale de l’énergie. Inspirée du guide Solaire PV, cette bande-dessinée souhaite toucher un public encore plus large avec une forme revisitée, plus dynamique et colorée. Au fil de ces planches, partez à la découverte de l’énergie solaire et du fonctionnement des panneaux photovoltaïque.
Une première série de 8 planches sera disponible dès aujourd’hui sur le site du projet SolairePV et diffusée chaque semaine sur le compte LinkedIn du PEPR TASE. Une seconde série est prévue pour début 2026. Cette bande-dessinée est issue d’une collaboration entre un collectif de chercheurs et chercheuses du CNRS et la talentueuse illustratrice et vulgarisatrice scientifique Marie-Charlotte Bellinghery – MACHA, que nous avons interrogé pour l’occasion.
Par Etienne Morisseau
Pouvez-vous nous raconter comment vous avez débuté dans le domaine de la diffusion scientifique ?
Je suis curieuse de nature et le dessin a toujours été un outil de communication pour moi. Je réalisais déjà des présentations dessinées durant mes études de géologie. Après mon master en communication scientifique, j’ai travaillé pendant quatre ans en tant que chargé de communication et de médiation au sein du labex OT-Med, qui a aujourd’hui rejoint l’Institut méditerranéen pour la transition environnementale (ITEM) de l’université Aix-Marseille. A cette période, je continuais à réaliser des illustrations scientifiques pour la réalisation de MOOCs ou de présentations de travaux de thèse. Un jour, l’ancien directeur de l’OT-Med Joël Guiot m’a proposé de réaliser une bande-dessinée pour mettre en avant les recherches sur le climat. C’est ainsi que nous avons démarré la création de la BD « Voyage en anthropocène ».


C’était un déclic pour moi, je me suis rendu compte que je ne voulais plus faire que ça. J’ai alors commencé à travailler en tant qu’indépendante comme illustratrice et vulgarisatrice scientifique. Pendant trois ans, j’ai réalisé plusieurs projets d’expositions et de bandes-dessinées de vulgarisation auprès de différents laboratoires, notamment l’Observatoire des sciences de l’univers Pythéas. Le dernier en date est la BD hybride « Profondeur, secrets des grands fonds marins », en collaboration avec les chercheuses Sophie Gambardella, Pascale Ricard et Séverine Martini, ainsi que Claire Marc pour la mise en page des parties « textes ». Ce projet était très intéressant car interdisciplinaire : chacune était spécialiste du sujet, mais sur des aspects différents. On s’intéressait autant à la biologie et à l’océanographie, qu’au droit ou à la sociologie. Cet ouvrage est en quelques sortes un état de l’art illustré sur les grands fonds marins, sorti à l’occasion de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3) en juin dernier.
Quelle a été votre réaction lorsqu’on vous a proposé de travailler sur la BD du guide Solaire PV ?
Je ne connaissais pas du tout le sujet du solaire, je n’avais jamais mis le nez dedans. J’ai donc sauté sur l’occasion pour assouvir ma curiosité. J’ai également été convaincu par la démarche : répondre à des questions que peuvent se poser les citoyens et citoyennes sur ce sujet, et leur offrir des informations claires et fiables. Mettre à plat ce que l’on sait au niveau scientifique, en rendant le tout accessible. C’était un vrai coup de cœur !
Nous avons démarré notre collaboration en mars 2024. J’ai participé à ce projet en tant qu’illustratrice, mais aussi sur la narration, pour s’assurer que les sujets soient bien vulgarisés tout en restant compatibles avec les attentes du collectif Solaire PV. Le résultat devait être dynamique, accessible et donner envie d’aller plus loin sur ce sujet. Il fallait attiser la curiosité et répondre à des questions qu’on n’avait même pas conscience de se poser.
C’était un projet vraiment intéressant avec un gros enjeu de médiation. J’étais également assez libre sur le format ; j’ai proposé ce style cartoon avec un peu d’humour qui a tout de suite été accepté par le collectif. C’est un ton qui paraît plus enfantin, mais le message derrière est sérieux et s’adresse à tout type de public.
Comment s’est déroulé votre collaboration avec les scientifiques du collectif Solaire PV ?
Dans un premier temps, j’ai reçu le brief de l’équipe, une demande globale de leurs attentes en termes de contenu et de public visé. Ensuite, c’était à mon tour de compiler leurs besoins et de revenir vers eux avec des propositions. J’ai aussi commencé à regrouper des références en termes de scénario, d’ambiance, de couleur, etc. S’en est suivi une série d’allers-retours pour se mettre d’accord et ajuster les différents aspects du projet.
C’était finalement assez court, car le ton a été rapidement validé. Le style graphique aussi, même s’il fallait faire attention à ne pas aller trop loin dans la caricature. Enfin, on a pu valider le scénario – un synopsis global – puis le storyboard, qui détaille chacune des pages, avant de faire le brouillon des planches. Il ne restait plus qu’à mettre le tout au propre.

Globalement, tout a été très fluide ! Un gros point fort de cette collaboration a été la communication avec les membres du collectif. J’ai été vraiment écoutée et comprise par les chercheurs et chercheuses qui prenaient part au projet. Ils faisaient également l’effort de centraliser tous les retours avant de me les faire passer. Un bonheur pour moi, ça arrive rarement !
La bande-dessinée Solaire PV sert à introduire le guide écrit et les sujets développés dans les 60 pages qui le composent. Comment avez-vous réalisé la sélection des informations ?
Dans un premier lieu, il fallait bien entendu définir un certain nombre de sujets. L’objectif étant d’introduire la thématique de l’énergie solaire, nous nous sommes concentrés sur les notions de base comme la fabrication panneaux photovoltaïque, leur déploiement, la production d’énergie ou encore la fin de vie. Au total, c’est une vingtaine de sujets qui sont abordés dans cette série de planches.
Cela faisait partie de mon travail de m’imprégner du sujet, de me renseigner à partir de la page du guide correspondante ou des ressources proposées. C’est ce travail de recherche d’informations et de compréhension qui me permettait d’aborder chaque sujet avec un œil neuf. Puis, je me mettais dans la peau les personnages, j’essayais d’imaginer comment s’articulerait leur conversation. A ce stade, je réécris les phrases encore et encore, jusqu’à une dizaine de fois pour trouver la formulation correcte et le bon enchaînement.
Au final, aucune page n’est structurée de la même manière. Pourtant, l’ensemble des planches se suit et l’histoire globale tient la route, même si chacune peut se lire indépendamment des autres, Bien sûr il a fallu faire des choix sur les informations retenues, synthétiser sans trop simplifier. C’est parfois frustrant, mais c’est le drame de mon travail [rires].

Quelle information vous a le plus marqué lors de la réalisation de ces planches ?
Je pense que ce qui m’a le plus intéressé, c’est la composition d’un panneau photovoltaïque. Grâce à ce travail, j’ai pu le décortiquer, me représenter clairement les différentes couches qui le composent et comprendre le principe électrochimique derrière la production d’énergie.
Et sinon grâce à ce projet, j’ai également pu soigner une angoisse de lycée [rires]. Je n’avais jamais vraiment compris la notion de watt ! Mais à force de me renseigner dessus pour mettre ça au clair, puis de jouer avec cette notion, de la voir sous tous ces aspects pour pouvoir mieux la réexpliquer, j’ai enfin pu l’appréhender correctement.
Avez-vous des projets avec Solaire PV pour la suite ?
Je suis vraiment contente du résultat et de notre collaboration ! Je suis ouverte aux propositions, pour décliner ces illustrations sur d’autres formats par exemple. Et bien sûr, je serais ravie de continuer à illustrer le guide, car quand je me replonge dedans, je me dis qu’il reste encore énormément de sujets à aborder !
Ce projet est une collaboration de scientifiques issus de laboratoires CNRS, parmi lesquels : C2N, IPVF, INL – CNRS, LOCIE, IM2NP, PROMES – CNRS, GeePs, LAAS – CNRS et ILV, notamment d’Amaury Delamarre, Nathalie Mangelinck-Noël, Jean Francois Guillemoles et Stéphane Collin, avec le soutien des membres du collectif SolairePV.
Il a profité du co-financement de la Fédération de Recherche PhotoVoltaïque (FedPV) et du PEPR TASE, et a été labellisé dans le cadre de l’Année de l’ingénierie du CNRS.
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