
Prévoir avec précision
les événements extrêmes
Un nouvelle publication scientifique signée par Davide Faranda, chercheur au LCSE et membre du projet PowDev du PEPR TASE, présente ClimaMeter, un outil permettant de délivrer en quasi temps réel une analyse de l’évolution de la probabilité ou de l’intensité d’un événement climatique extrême.
Par Davide Faranda (LSCE)
Mes travaux autour de ClimaMeter sont nés d’une problématique simple : les événements météorologiques extrêmes se multiplient, l’attention médiatique dure quelques heures, et pourtant la question du lien avec le changement climatique apparaît immédiatement. Les méthodes classiques d’attribution exigent souvent des semaines, parfois des mois, ce qui crée un décalage entre la science et le débat public. ClimaMeter est né pour combler cet écart : fournir des évaluations rapides, robustes et fondées sur les données, afin d’améliorer la compréhension collective du rôle du changement climatique dans ces événements.
La plateforme repose sur l’identification de configurations de circulation atmosphérique similaires dans les archives climatiques et leur comparaison entre deux périodes, passée et récente.
En s’appuyant sur les réanalyses, le machine learning et des outils statistiques, ClimaMeter peut délivrer en quasi temps réel une analyse de l’évolution de la probabilité ou de l’intensité d’un événement extrême.
Les résultats obtenus montrent très souvent que, pour un même type de circulation, l’atmosphère actuelle est plus chaude et plus humide qu’autrefois, ce qui renforce le potentiel des événements extrêmes. Plusieurs études de cas – par exemple les inondations de Valence en octobre 2024, le Medicane Daniel, ou encore les crues de Dubaï – illustrent que ces premières analyses rapides convergent ensuite avec des travaux plus complets comme ceux de World Weather Attribution.

Les résultats montrent que la plupart des événements ont été probablement ou majoritairement intensifiés par le changement climatique, plusieurs étant également influencés par la variabilité naturelle. L’analyse de rareté souligne qu’un grand nombre d’événements relèvent des catégories « exceptionnel » ou « très exceptionnel », mettant en évidence le rôle croissant du changement climatique dans l’émergence d’extrêmes météorologiques marquants à l’échelle mondiale. »
Les implications sont doubles. Sur le plan scientifique et institutionnel, ClimaMeter contribue à structurer une approche opérationnelle de l’attribution rapide. Sur le plan sociétal, la plateforme permet d’éclairer les médias, les décideurs et les acteurs de la gestion de crise au moment où les décisions doivent être prises, limitant ainsi la désinformation et favorisant des réponses adaptées. Cette démarche a déjà été utilisée, par exemple, pour informer la Préfecture des Hauts-de-France après les crues de 2023 ou pour accompagner des autorités régionales en Méditerranée après les inondations de Valence. À plus long terme, l’outil ouvre la voie à une intégration plus systématique des analyses d’attribution dans les politiques d’adaptation et de prévention des risques.



Je tiens aussi à souligner l’importance du collectif derrière ClimaMeter. Le projet repose sur une équipe internationale, interdisciplinaire, et sur un protocole d’écriture standardisé qui garantit la transparence et l’objectivité des rapports. C’est grâce à cette collaboration que nous pouvons produire rapidement des analyses claires, reproductibles et utiles pour la communauté scientifique comme pour le grand public. Nous travaillons déjà à la prochaine étape : étendre ClimaMeter vers l’analyse des impacts et de la vulnérabilité, et intégrer des simulations climatiques longue durée pour mieux quantifier la rareté des événements exceptionnels.
Enhancing public understanding of extreme weather events in a changing climate through ClimaMeter.
Davide Faranda. Frontiers in Climate, Volume 7 – 13 nov 2025
https://doi.org/10.3389/fclim.2025.1688221
Cette publication entre dans le cadre du projet PowDev, piloté par Anne Barros, professeure à CentraleSupélec. Ce projet vise à est d’évaluer et d’optimiser la résilience des systèmes électriques dans le cadre d’une insertion massive d’énergies renouvelables, en considérant les événements extrêmes dans les climats actuels et futurs, ainsi que la complexité des réseaux et des scénarios socio-économiques.
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