
La nouvelle génération
du génie électrique
Diplômée en génie électrique et doctorante à Centrale Lille, Joey Youssef est spécialisée dans les réseaux électriques, notamment les architectures de réseaux en courant continu. Depuis novembre 2023, la jeune chercheuse réalise sa thèse au sein du projet DC-Architect, qui vise à concevoir des réseaux de distribution aptes à transporter l’énergie sous forme de courant continu.
Par Cristina Rigo, cheffe de projet DC-Architect
Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique et professionnel ?
J’ai commencé par des études en génie électrique à l’Université Notre-Dame-de-Louaizé au Liban, où j’ai acquis une solide formation technique en électronique et en systèmes électriques. J’ai ensuite poursuivi par le Master E2SD à Centrale Lille, axé sur l’énergie durable et les réseaux électriques. Durant ce Master, j’ai effectué un stage au Laboratoire d’électrotechnique et d’électronique de puissance (L2EP), où j’ai travaillé sur des projets concernant les réseaux en courant continu en baisse et moyenne tensions. Cette expérience m’a conduite à entamer une thèse dans ce domaine par la suite.
Qu’est-ce qui vous a motivé à étudier le génie électrique et les réseaux ?
Ce qui m’a attirée dans le génie électrique, c’est l’importance fondamentale des réseaux électriques dans notre quotidien, en particulier leur rôle crucial dans la gestion de l’énergie. Avec l’intégration croissante des énergies renouvelables et la transition énergétique en cours, je suis convaincue que les réseaux de demain devront être repensés pour être plus intelligents, robustes, fiables et durables. Cela m’a poussée à étudier ce domaine pour concevoir des solutions innovantes et durables, en lien direct avec les enjeux énergétiques de notre époque.
Quel est votre sujet de thèse ? Quels sont vos objectifs et avez-vous obtenu des premiers résultats ?
Le sujet de ma thèse porte sur la conceptualisation des extensions MVDC (Courant Continu à Moyenne Tension) des réseaux électriques existants. L’objectif principal est de développer un outil d’aide à la décision pour les liaisons MVDC, prenant en compte les éléments clés des systèmes électriques, tels que les câbles de puissance, les charges et la production distribuée. Je me concentre particulièrement sur l’analyse des scénarios où les réseaux MVDC peuvent offrir de meilleures performances par rapport aux systèmes MVAC (Courant Continu à Courant Alternatif) traditionnels. Mon travail vise à identifier ces scénarios et à quantifier les bénéfices opérationnels pour les gestionnaires de réseau, ainsi que les avantages matériels tangibles pour les utilisateurs finaux.

À ce jour, j’ai réalisé des travaux préliminaires sur la modélisation des systèmes et des architectures d’intégration MVDC, et j’ai commencé à mener des simulations pour tester ces concepts. Une approche progressive est mise en place à partir du benchmark MVDC de CIGRE (Conseil international des grands réseaux électriques). Cette méthodologie sera déployée pour explorer plusieurs types d’intégration MVDC et sera formalisée sous la forme d’un cadre complet pour le choix de l’extension optimale MVDC des réseaux AC existants. Par ailleurs, un article a été publié lors du workshop CIRED 2024 à Vienne, et un article est en cours de préparation pour PowerTech.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire une thèse ?
C’est lors de mon stage au L2EP que j’ai découvert le potentiel de la recherche appliquée dans les réseaux électriques. La thèse représente pour moi bien plus qu’une simple continuité d’études, c’est un défi stimulant qui me permet d’approfondir des problématiques complexes et d’apporter des solutions concrètes. Elle me donne également l’opportunité de contribuer activement à l’innovation dans un domaine clé comme les réseaux électriques, tout en soutenant la transition énergétique, qui est au cœur de mes aspirations professionnelles
Que vous apporte votre participation à un programme de recherche national ?
Le programme PEPR TASE me permet de travailler avec des chercheurs de différentes institutions et d’avoir accès à des ressources et des expertises variées. Cela m’offre une perspective plus large sur les défis actuels des réseaux électriques . C’est aussi une excellente occasion d’élargir mon réseau professionnel et de perfectionner mes compétences en recherche.
Comment voyez-vous la suite de votre parcours ?
Je souhaite continuer à travailler dans la recherche. Mon objectif est de participer à des projets innovants autour des réseaux électriques et de la transition énergétique. L’enseignement m’intéresse également, car j’aimerais transmettre mes connaissances et aider à former les ingénieurs de demain, notamment dans les domaines de l’énergie durable et des technologies de l’avenir.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants et étudiantes qui envisagent de s’engager dans la même voie ?
Le doctorat, c’est une aventure à deux E : exigeante, mais incroyablement enrichissante. Considérez votre thèse comme un projet que vous pilotez vous-même. Soyez curieux, osez poser des questions et n’ayez pas peur de sortir de votre zone de confort. Entourez-vous de vos pairs en lisant des articles, en participant à des conférences ou en suivant des ateliers. Profitez aussi des plateformes comme LinkedIn pour échanger, collaborer et rester connecté aux dernières avancées de votre domaine. N’oubliez pas que chaque étape, même les défis, est une occasion d’apprendre et d’évoluer.
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